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Du vide.
4 octobre 2011

Fièvre résurrectionnelle.

Elle a des yeux un peu vert, un peu gris, délicatement soulignés d'un noir brûlant.

Je pourrais aussi vous parler de sa bouche et de ses mains, de la magie de nos nuits chez elle, lointaines et sans doute oubliées, à fumer dans le noir entre les dingues, les paumés et Brest, la rade, le port, ce qu'il en reste, de mes jambes qui titubent dans les escaliers jusqu'à sa chambre, de sa mère qu'on croise dans le couloir au beau milieu de la nuit, à qui je lis, autour d'une bière, des passages des aventures d'Alice aux pays des merveilles. Je voudrais, mais tout ça est si loin.

Je titube, - encore - je tremble dans mon t-shirt trop grand lorsque j'avance vers elle, elle n'a pas changé malgré les mois ; ni ses yeux, ni son sourire, je reconnais en elle chacun de mes souvenirs. Assis sur ses genoux, un grand sourire sur les lèvres, et des yeux d'un bleu violent comme je n'en ai jamais vu que dans le ciel, il me regarde avancer vers lui en secouant la peluche canard-vert-costume-bleu.

J'ai un silence de recul, je ne sais plus pourquoi je tremble, l'alcool, le manque de sommeil et puis elle est là, et puis, son fils, que je n'ai aperçu qu'une fois, le lendemain de sa naissance, et je ne m'explique pas ce temps, qui parait si long, et qui m'échappe tant.

Je suis un enfant.

Je joue avec le livre en tissu, je cache le lapin sur le bateau et sous la couette et fait voler le vaisseau et je joue avec la peluche chien-jaune-costume-rouge. Il sourit, il pleure, et puis, plus tard, je marche, dans ce t-shirt blanc, tellement trop grand, en promenant sa poussette sur les chemins en terre, le soleil brille sur la lande, tout est vert, et bleu, comme ses yeux, et les siens.

Il sourit, et il n'y a personne autour de nous, que le calme, et cette parfaite - et si rare - sérénité.

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